Les idées reçues

Modifié le : 11/04/2016

Existe-t-il des facteurs déclenchants de la fibromyalgie ?

Des progrès ont été faits dans la compréhension des mécanismes de la fibromyalgie, même s’il existe encore des inconnues dans son déterminisme.

Le rôle déclenchant des traumatismes (et des stress) est reconnu. Il peut s'agir de traumatismes physiques (en particulier, accidents cervicaux (coup du lapin), maladies graves, interventions chirurgicales) vaccinations ou psychologiques (événements de la vie : divorces, deuils, licenciements, harcèlement au travail...), divers stress peuvent également jouer un rôle.

Plusieurs auteurs ont insisté sur le rôle des traumatismes cervicaux. Le "coup du lapin" entrainerait un risque de fibromyalgie 23 fois plus important qu'une fracture des membres inférieurs. On peut ici rapprocher le rôle des traumatismes dans une autre pathologie fréquente, le stress post-traumatique.

La fibromyalgie est-elle héréditaire ?

La fibromyalgie n'est ni contagieuse, ni héréditaire. Les facteurs génétiques font l'objet d'études actuelles, mais n'ont pas d'incidence pratique.

Le risque d'avoir une fibromyalgie est plus important lorsque l'un des parents est atteint (agrégation familiale) mais elle n'est pas héréditaire. Les études génétiques portent surtout sur les gènes codant pour les neuromédiateurs.

La fibromyalgie, c'est dans la tête ?

Il n'y a pas de profil psychologique spécifique de la fibromyalgie. Par contre, plusieurs anomalies psychologiques peuvent être détectées, causes ou conséquences des troubles. Leur mise en évidence sera utile pour le traitement. On peut citer la dépression, l'anxiété, le catastrophisme, l'hypersensibilité aux stress, la peur de la douleur et du mouvement. Leur conjonction aggrave le handicap et peut entrainer des conséquences somatiques avec un déconditionnement à l'effort.

La dépression est fréquente, pouvant précéder les premiers signes ou les accompagner. Elle ne résume pas la fibromyalgie. L'anxiété est habituelle, aggravée par le retard diagnostique fréquent et la non reconnaissance de la pathologie. Elle peut se traduire par des manifestations aigues, attaques de panique avec tétanie, sensation de mort imminente... homologue de la spasmophilie classique. Le catastrophisme est une vision pessimiste des événements, accentuée par la solitude des patientes face à leur pathologie. Les stress sont un facteur déclenchant, mais aussi aggravant de la fibromyalgie ou l'on observe une hypersensibilité à tous les stress, en particulier les bruits, les odeurs, la lumière. La peur de la douleur et du mouvement est facilement compréhensible mais a des conséquences somatiques avec une diminution des capacités cardio  - vasculaires.

La peur du mouvement, le catastrophisme et l'aggravation du handicap
Figure 1 : La peur du mouvement, le catastrophisme et l'aggravation du handicap

Les mécanismes du déconditionnement cardio - vasculaire à l'effort induit par les anomalies psychologiques.
Figure 2 : Les mécanismes du déconditionnement cardio - vasculaire à l'effort induit par les anomalies psychologiques.

La fibromyalgie, ce n'est pas que psychologique ?

De nombreux travaux récents avec, en particulier, les techniques modernes d'imagerie fonctionnelle, la création de modèles expérimentaux de fibromyalgie, permettent de penser qu'il y a des anomalies organiques du fonctionnement du système nerveux central, expliquant les symptômes. L'accent est, en particulier, mis sur des modifications des neuromédiateurs.

Modifications du système nerveux central

L'imagerie moderne du système nerveux central (IRM fonctionnelle, PET scan) a montré dans la fibromyalgie des modifications du système nerveux central, en particulier dans les aires de la douleur, de son anticipation, de son interprétation et des aires de la mémoire, expliquant l'hyperalgésie et l'allodynie et les principaux signes cliniques. L'interprétation de ces anomalies fait, surtout, appel à des modifications des neuro-médiateurs de la douleur. Ces neuro-médiateurs assurent la transmission des informations entre les diverses cellules du système nerveux central, les neurones. Ce sont, en quelque sorte, les aiguillages chimiques du cerveau. Certains de ces médiateurs augmentent la douleur (substance P, adrénaline, sérotonine). Les médicaments anti-dépresseurs agissent en modifiant les taux des neuro-médiateurs (sérotonine, adrénaline, en particulier.
Il existe également, des anomalies de la structure du sommeil, mises en évidence par des enregistrements polysomnographiques, avec des perturbations du sommeil lent profond, sommeil réparateur. C'est, probablement, la conséquence des anomalies globales du cerveau.

La fibromyalgie peut-elle être mise en doute ?

La fibromyalgie regroupe une grande variété de symptômes difficiles à relier entre eux. Elle n'a pour l'instant pas de mécanisme clair, même si des progrès ont été faits dans sa compréhension. Par ailleurs, il n'y a pas d'examens biologique ou radiologique qui l'affirment et beaucoup continuent à penser qu'il s'agit d'une affection purement psychologique. Les recherches récentes tendent cependant à montrer qu’à côté du versant psychologique, il y a des anomalies du fonctionnement du système nerveux central. L'évaluation du handicap est également difficile.

Faut-il suivre un régime au cours de la fibromyalgie ?

Aucune étude n’a montré l’efficacité d’un régime dans la fibromyalgie. Le régime sans gluten n’est indiqué que s’il y a une intolérance vraie, démontrée au gluten. D’une façon générale, il est inutile d’ajouter les contraintes d’un régime sévère aux ennuis de la fibromyalgie, alors que les résultats sont aléatoires

Association de patients