Comment diagnostiquer la polyarthrite rhumatoïde ?
Polyarthrite rhumatoïde
La Polyarthrite Rhumatoïde (PR) est suspectée devant l’apparition de gonflements et de douleurs articulaires (polyarthrite). Devant ces signes, une consultation médicale est conseillée pour effectuer des examens. Le diagnostic repose sur des examens biologiques (des prises de sang qui montrent l’inflammation et la présence d’anticorps) et radiographiques (érosions, pincement) - cf. imagerie . C’est la conjonction de ces différents arguments qui permet de suspecter une polyarthrite rhumatoïde. Aucun de ces arguments pris isolément ne peut suffire à un diagnostic de certitude.
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Moyens du diagnostic de la PR
Absence de tests spécifiques
Il n’y a pas de test diagnostique spécifique de polyarthrite rhumatoïde. Le diagnostic est suspecté devant l’association de différents éléments :
- À l’examen : présence d’une polyarthrite touchant les mains et les pieds,
- À la prise de sang : un syndrome inflammatoire biologique et la présence d'auto-anticorps qui sont des marqueurs de Polyarthrite Rhumatoide, comme le facteur rhumatoïde et les anticorps anti peptides cycliques citrullinés (anti CCP) ou anticorps anti-peptide citrullinés (ACPA),
- Sur les examens d’imagerie médicale (radiographies, échographie, Imagerie par résonance magnétique ou IRM)
Les auto-anticorps dans la PR
Bien qu’il n’existe pas de marqueur spécifique à 100% de la Polyarthrite Rhumatoïde (PR), on peut être amené à rechercher par une prise de sang, la présence d’auto-anticorps de type facteur rhumatoïde et d’anticorps anti-Peptides cycliques citrullinés (anticorps anti-CCP) ou ACPA (anticorps –anti-citrulline). Dans le cadre de la PR, ces auto-anticorps sont fortement associés au diagnostic de PR, mais leur absence ne permet pas d’éliminer ce diagnostic.
Le facteur rhumatoïde est rarement positif au début de la maladie, mais peut le devenir par la suite puisque l’on évalue que 70 % des patients atteints de PR évoluant depuis plus de 2 ans ont ces auto-anticorps . Ces facteurs ne sont néanmoins pas spécifiques de la PR puisqu’ils peuvent être retrouvés dans de nombreuses autres maladies et chez le sujet sain.
Les anticorps anti-CCP sont présents dès le début de la maladie et pour environ 70 % des patients. Ils sont beaucoup plus spécifiques de la maladie que les facteurs rhumatoïdes, c'est-à-dire que lorsqu’ils sont positifs, le risque d’avoir une PR est élevé.
L’imagerie médicale dans la PR
- À la radiographie : on recherche des signes radiologiques évocateurs d’une arthrite, en particulier, un pincement de l’interligne articulaire et des érosions. Les atteintes radiologiques les plus précoces sont localisées au niveau des mains et des avant-pieds. Mais, les signes radiologiques de la Polyarthrite Rhumatoïde (PR) apparaissent le plus souvent de façon tardive et leur absence ne doit en aucun cas retarder l’introduction d’un traitement. On se sert également de la radiographie pour le suivi de la PR et pour évaluer l’efficacité du traitement.
- À l’échographie : L’échographie est une méthode très intéressante pour explorer les atteintes articulaires dans la Polyarthrite Rhumatoïde (PR). Dans des mains expérimentées, c’est un examen performant pour visualiser l’inflammation , les dégâts ou les anomalies articulaires. L’échographie permet d’étudier l’hypertrophie inflammatoire de la membrane synoviale, et les atteintes de l’articulation, comme le pincement articulaire et les érosions (cf. Définition PR). L’avantage de l’échographie, c’est de pouvoir rechercher des signes d’inflammation dans les articulations et/ou les érosions passées inaperçues cliniquement ou qui ne sont pas encore apparues radiologiquement. Elle peut ainsi faciliter un diagnostic précoce et le suivi de l’efficacité des traitements. C’est un examen peu coûteux et dont la disponibilité est bonne.
- L’IRM a les mêmes avantages que l’échographie. Elle permet un diagnostic précoce de PR. Mais elle a l’inconvénient d’être peu accessible, et d’avoir un cout plus élevé que l’échographie.
Critères de classification
Il n’y a pas de test spécifique de polyarthrite comme il peut y en avoir pour l’hépatite ou le sida. Il existe des critères de classification qui orientent fortement vers le diagnostic et qui incitent à débuter un traitement lorsqu’un certain nombre d’éléments sont réunis. Ces critères ont été élaborés en 2010 par un travail conjoint des chercheurs européens et américains.
Devant une polyarthrite débutante avec des radiographies normales et en l’absence d’un diagnostic d’une autre maladie :
Type d’atteinte articulaire (0-5) | |
---|---|
1 articulation moyenne ou grosse | 0 |
2-10 articulations moyennes ou grosses | 1 |
1-3 petites articulations | 2 |
4-10 petites articulations | 3 |
>10 articulations (au moins 1 petite articulation) | 5 |
Sérologie (0-3) | |
Ni FR ni ACPA | 0 |
Au moins un test faiblement positif | 2 |
Au moins un test fortement positif | 3 |
Durée de la synovite (0-1) | |
<6 semaines | 0 |
>6 semaines | 1 |
Marqueurs de l'inflammation (0-1) | |
Ni CRP ni VS élevée | 0 |
CRP ou VS élevée | 1 |
Le diagnostic de PR est posé si le score est ≥ 6.
Aleth Perdriger, Rennes,
Responsables de publication